Témoignages

Courriers de soignants aux députés

Monsieur le Député, Monsieur le Ministre,

Je suis médecin de famille depuis 43 ans, père de trois jeunes femmes magnifiques. A ce titre, je
suis inquiet du nouveau projet de Loi IVG en discussion.
Les conséquences en sont quadruples :
–          pour le fœtus : cette fois totalement formé (4 mois et demi d’évolution, on arrive à garder
des prématurés de cet âge !). On ne peut nier qu’il s’agit dès lors d’une personne à part entière.
Précédemment, certains pouvaient ergoter sur le caractère purement physiologique d’un embryon.
Il y va donc ici d’une mise à mort d’un individu. Clarifions l’acte.
–          pour la femme : cette charge morale supplémentaire, une fois conscientisée, risque de
générer une souffrance morale (une culpabilité éventuelle) lourde, pas nécessairement imaginée à
l’avance et difficile à assumer ensuite. Pour certaines déjà, l’impact psychique à long terme d’une
IVG (ancienne formule) était dommageable.  
–          la réduction du délai de réflexion risque d’amener une moindre capacité de résistance de la
femme à une éventuelle pression extérieure.
–          pour les professionnels : avec un estompement de l’aspect éthique de tout acte médical.
–          pour la société : il s’agit là aussi d’une atteinte aux plus fragiles d’entre nous, exemple d’une
perte de solidarité au profit d’une individualisation.
Je ne souhaite pas vous encombrer, la place manque d’une argumentation croisée. Mais je vous
invite à approfondir et à partager votre réflexion à ce propos. L’enjeu sociétal et moral est tel que,
pour ma part, je suis opposé à cet élargissement. Je serais heureux de vous voir accorder une
grande importance à ce débat, sachant le souci du MR d’une société respectueuse, accueillante et
juste.
Recevez, Monsieur le député, Monsieur le Ministre, les marques de ma considération.

 Dr P.N.
Médecin Généraliste

Gynécologue-obstétricienne, créatrice de planning familial et militante dans les années fin 80/début 90, j’ai pratiqué des centaines d’IVG non thérapeutiques alors que c’était encore interdit, et ensuite, après l’adoption de la loi, en planning familial et à l’hôpital. Praticienne en haptonomie depuis plus de 25 ans, je ne peux donner mon aval à une décision qui permet d’interrompre la vie d’un enfant à 20 semaines (d’aménorrhée). A 20 semaines il sent, ressent, réagit, répond.
Dans les années 90 la viabilité des foetus commençait à 28 semaines. Actuellement nous les sauvons à 22. Finalement où est la limite ? Pourquoi pas 28 ou 30 tant qu’on y est ? De plus à cet âge le sexe est connu, ouvrant ainsi la voie à des avortements eugéniques liés au genre !
Prolonger de 14 (12 semaines après conception) à 20 semaines d’aménorrhée (18 semaines après la conception), soit de 6 semaines la prise de décision. NON.
La décision doit être prise avant. Et la femme mieux aidée à la prendre.
Raccourcir le délai à 48h, INSENSÉ ! Laissez aux femmes le temps de murir cette décision, avec le moins de conséquences psychologiques et émotionnelles possibles ensuite.
De plus la technique d’avortement au-delà de 14 semaines est très différente et beaucoup plus traumatisante pour la femme. C’est un accouchement.
En conclusion, une petite histoire : à la naissance des centres de planning familiaux pratiquant des IVGs, notre motivation et credo en tant que jeunes médecins était : ‘Nous sommes actifs.ves dans les centres de planning en espérant que la pratique de l’IVG disparaîtra rapidement grâce à une meilleure éducation sexuelle et un accès plus généralisé à la contraception’.
30 ans après… voilà où nous en sommes !
Alors SVP. Mettons nos énergies à éduquer et prévenir plutôt que interrompre une grossesse à mi-parcours !

Dr. Arielle Nuchowicz
Gynécologue

Monsieur le député,
 
Vous ne me connaissez pas. J’ai 48 ans, je suis médecin généraliste à Uccle depuis 1996, sortie
de l’UCL. J’ai 3 enfants…
  
Je me permets de vous contacter concernant le projet de loi concernant la prolongation de la
possibilité d’avorter jusqu’à 18 semaines et la diminution du délai de réflexion.
 
Tout d’abord, et c’est important à mes yeux, je suis pour l’avortement, je suis fière que la Belgique
soit un pays où il est légalisé et où les femmes qui se retrouvent enceintes malgré elle, puisse
décider en âme et conscience de ne pas mener leur grossesse à terme, pour des raisons qui leur
sont propre.
 
Je m’inquiète de l’allongement du délai légal à 18 semaines et ce pour plusieurs raisons.
 
1. A 18 semaines, on est à 4 semaines de l’âge viable d’un nouveau-né. On sent le bébé bouger, si on
met sa main sur le ventre, le bébé vient jouer avec en haptonomie. Quid, de l’état psychique de la
maman, qui aurait déjà pu faire connaissance avec le bébé, le sentir, ‘communiquer avec lui’ ?
D’autre part, plus le terme est avancé, plus le fœtus est gros, et plus l’avortement peut être risqué et
avoir des complications pour des femmes parfois très jeunes (hémorragie, stérilité…)
2. Comment vont réagir, les médecins qui avortent (je ne pratique personnellement pas d’avortement,
mais je me questionne) ? Un bébé qui bouge, dont on connait le sexe, n’est plus un ‘inconnu’. Ne
risque-t-on pas de voir le nombre de médecins qui pratique les avortements, diminuer et
paradoxalement le délai pour les femmes qui se sont décidées dans les 12 premières semaines,
augmenter ?
3. Un délais de réflexion d’ une semaine, ne me semble pas inutile. J’ai déjà vu des patientes se
décider très vite et regretter la perte de leur bébé dans les semaines qui ont suivi leur avortement et
retomber enceinte juste après, s’étant faite à l’idée d’encore avoir un enfant.
 
Sur mes 23 années de pratique, j’ai été une seule fois confrontée à une femme qui souhaitait 
avorter après 12 semaines. Il s’agissait d’un déni de grossesse. Je l’ai finalement envoyée en
Hollande.
 
Je suis d’accord que 12 semaines est un délai très court, un allongement à 14 semaines me
paraîtrait être acceptable. Ne pourrait-on pas imaginer non plus, que certaines indications
particulières permettent d’être dans des critères d’augmentation du délai à 18 semaines ? Comme
par exemple, le viol ou le déni de grossesse, qui me paraissent être des indications très
particulières pour lesquelles on pourrait envisager une extension extraordinaire du délai.
 
Voilà quelques réflexions, sur ce sujet très délicat,  d’une médecin généraliste qui travaille le plus
possible dans le respect et l’écoute de ses patientes, afin que l’avortement puisse rester un droit,
mais en n’oubliant pas que cela reste un acte difficile et qui peut rester un traumatisme à vie pour
ces mamans qui n’ont pas d’autres choix que celui-là…
 
 
Je vous remercie pour votre attention,

Docteur V.R.
Médecin généraliste

7 février 2020
 
Bonjour Madame la députée,
 
J’ai essayé de vous joindre sans succès pour vous faire part oralement de mon opposition à la proposition de
loi d’extension de l’avortement. Je suis sage-femme depuis plus de 30 ans et souhaite vous faire part de
quelques réflexions en tant que professionnelle du terrain. 
Sans vouloir juger les femmes ayant besoin de recourir à une IVG pour des multiples raisons, je souhaite
quand même vous faire part de mon point de vue.
 
Niveau médical :
Une IVG à 18 semaines n’a rien de comparable à une de 12 semaines, il s’agit d’un accouchement avec
toute la médication et les actes techniques inhérents à cela.
Sans compter les complications liées à un accouchement (hémorragie, anesthésie péridurale ou générale en
cas de rétention placentaire, allergies à certains médicaments utilisés, risque infection après
l’accouchement.)
C’est-à-dire beaucoup plus risqué qu’une simple expulsion par voie naturelle suite à une prise
médicamenteuse, ou une aspiration sous anesthésie locale.
 
Niveau psychologique :
J’ai suffisamment assisté à des IMG et IVG pour savoir à quel point cela peut détruire une femme, voire un
couple (stérilité psychologique ensuite, plaintes psychos somatiques de la sphère génitale et sexuelle,
dépression, addictions…).
Faire une IVG à 18 semaines or qu’on sent déjà bouger le bébé dès 16 semaines sera d’autant plus difficile à
vivre pour une maman.
Tout le monde sait combien est le désarroi d’une femme devant une grossesse non désirée et que les
solutions ne sont pensées qu’après.
En diminuant le délai de réflexion et en n’étant plus obligé de réorienter la femme vers des infrastructures
d’aide psychologique et matérielle relève pour moi de la non-assistance à personne en danger…
 
Niveau éthique :
Où ira-t-on si cela est possible et que le sexe du bébé peut être connu vers 16 semaines, ne va-t-on pas avoir
des IVG car le sexe n’est pas celui voulu ??
 
Souffrance du personnel soignant :
Ayant moi-même assisté à de nombreuses interruptions, je peux vous assurer que les sages-femmes sont en
souffrance lors de ces prises en soin (impuissance, culpabilité, complicité, solitude…).
Le corps médical donne les instructions et ne se déplace pas toujours au moment de « l’expulsion », laissant
l’équipe dans un grand désarroi face à la mère qui l’est encore plus…la disponibilité que cela demande à
l’équipe est énorme.
Sans compter les fœtus naissant « vivants », et le médecin souvent absent, entrainant une agonie chez le
fœtus et la contrainte chez la sage-femme de subir cela OU de devoir agir… avec l’horrible sentiment de
complicité de meurtre !
C’est déjà extrêmement dur pour nous une IMG où soit la mère ou l’enfant sont en danger.
 
Aussi je vous demande de ne pas voter en faveur de cette proposition et loi et reste disponible si vous
souhaitez me rencontrer et vous faire part de toute mon expérience.
 
Cordialement,

C.G.
Sage-femme

Madame la députée,

Ce courrier concerne le projet de modification de la loi relative au délais de l’avortement
qui pourrait être porté à 4 mois et demi.

Mon expérience :

– Les conséquences psychologiques pour la femme :
La femme qui porte un enfant est remise en contact avec sa propre vie intra-
utérine, toute interruption de grossesse et à fortiori à trois mois et plus quand
l’enfant bouge, est un traumatisme pour la mère même si celle-ci n’en est parfois
peu consciente, cela génère toujours un vécu dépressif plus ou moins prononcé.
J’ai observé que le couple est affecté par cet acte et peut être amené à se séparer
à cause de cela.
J’ai rencontré dans ma patientèle une femme qui des années après cet acte en
souffrait toujours et me citait l’âge de l’enfant qui aurait eu 21 ans.

– Les conséquences pour l’enfant :
Françoise Dolto psychanalyste de renom nous parle dans sa pratique
thérapeutique, d’enfants perturbés par la perte d’enfants jumeaux dans le sein
maternel alors qu’ils n’avaient que trois mois, à cet âge l’enfant a bien le
souvenir de cette perte vécue dans le sein maternel, il en garde la mémoire et
l’exprime dans ses dessins.
En psychanalyse les patients peuvent avoir des réminiscences de différents
vécus traumatiques durant leur vie intra-utéro.
Le livre de Nelly Astelli « le fruit de mes entrailles » est très éloquent à ce sujet.
Nous savons dans la pratique que dès que l’enfant commence à bien bouger et
même avant, beaucoup de mères dialoguent avec leur enfant, elles savent qu’il
est déjà une personne.

Un autre danger sociétal de l’avortement après trois mois c’est la pratique
eugénique qui est le choix du sexe de l’enfant.

Conséquences pour le personnel soignant :
J’ai entendu le témoignage d’une femme qui comme infirmière a participé aux
avortements, elle a été profondément marquée par les signes de détresse
manifestés par les fœtus : contractions du visage, de tout le corps etc ; elle a dû
rapidement abandonner cette pratique qu’elle vivait comme insoutenable.

Le délai ramené à 48 heures :
Les pressions fréquentes exercées sur la femme enceinte, par l’entourage, les
parents, le conjoint etc ont pour conséquence que la suppression du délai de 7
jours à 48h est un non-sens.

A travers ces différents arguments, il apparait que ni le corps ni le psychisme
de la femme n’est respecté ; le vécu de l’enfant qui est déjà est une personne
n’est pas pris en compte ; il y a une chape de déni sur la question de notre propre
vie intra utérine sur laquelle repose notre personnalité, elle en est même l’assise.
Il me semble très important que les jeunes dans les écoles reçoivent des cours
sur le développement du fœtus et sur ses compétences, ces films existent.
D’autre part, ils devraient apprendre à se respecter, à respecter leur partenaire et
être formés à une sexualité responsable.
Il serait indispensable qu’il y ait une meilleure information des femmes et du
conjoint qui veulent avorter, ainsi qu’un accompagnement du couple qui aurait
pratiqué l’avortement.

D.C.
Psychologue

Bonjour Madame,

J’aurais souhaité prendre contact avec vous assez rapidement en tant que médecin signataire de la Carte
blanche s’opposant à la proposition de la loi d’extension de l’avortement. 

En effet, dans ma pratique de médecine générale et actuellement dans celle que j’exerce en médecine
préventive je suis interpellée par la souffrance dans laquelle se trouvent ces femmes lorsque le choix de garder
ou non l’enfant se pose. C’est un sujet sensible qui a aussi un réel écho dans la population, au vu de la
mobilisation contre cette proposition.

Mon expérience me montre que, dans ces situations de détresse, ce dont ces femmes ont le plus besoin, c’est
un lieu d’écoute et d’accueil où elles peuvent être entendues sans jugement, et de savoir que, quelle que soit
la décision qu’elles prendront, elles seront accompagnées et soutenues.  C’est la première demande des
femmes que j’ai rencontrées et c’est rarement la problématique du nombre de semaines qui pose question. Il
existe malheureusement trop de peu de structure pour accompagner ces femmes.

Trop souvent ces femmes se trouvent devant un choix cornélien : quoi qu’elles choisissent, elles savent
qu’elles vont souffrir car un avortement c’est toujours une séparation, un deuil, parfois un regret ou une
culpabilité qui blesse notre corps et notre cœur… Je ne souhaiterais pas çà même à ma pire ennemie !
Retarder le délai de la décision dans ces situations peut être vécu comme une vraie torture pour la mère mais
aussi, j’en suis sûre, pour l’enfant qu’elle porte en elle, car la science nous montre de plus en plus combien le
fœtus est déjà sensible au monde qui l’entoure; il ressentirait la douleur, aurait une « mémoire » de ce qu’il a pu
vivre in utero, ..

Un autre aspect dont il faut tenir compte, c’est qu’au plus l’;avortement se fait tardivement, au plus
la séparation avec l’enfant qu’elle porte sera difficile.

A 18 semaines de grossesse, dans bien des cas, le ventre s’arrondi et est déjà bien visible ; la maman sent le
bébé bouger en elle ; il ou elle est bien formé et est presque viable puisqu’on les sauve actuellement déjà à
partir de 22 semaines!

La maman qui subit un avortement vit cela, dans la plupart des cas, comme un vrai accouchement. Elle sera
installée ensuite en maternité avec des bébés qui pleureront dans la chambre d’à côté…
Une dernière réflexion que je souhaitais vous partager au vu de ma pratique est celle de la place du père dont
on ne parle jamais dans cette thématique et qui est trop souvent mis de côté.

Certes, j’ai par exemple accompagné une maman qui a dû avorter sous les pressions de son mari, alors qu’elle
souhaitait le garder, et qui n’était même pas là pour l’accompagner ce jour-là…  Mais j’ai tout de même
rencontré davantage d’hommes souffrant vraiment de n’être parfois même pas au courant de la décision, ou
révoltés qu’on ne leur donne pas leur place de père dans cette décision. Ils ont aussi leurs souffrances qui
devraient être davantage entendues …

Je serais ravie de pouvoir en discuter quelques minutes avec vous si vous me dites quand je peux vous
contacter.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ces réflexions que je voulais vous partager et qui, j’espère,
aideront à prendre une décision quant au prochain vote sur ce projet de loi.

H.L.
Médecin

14 février 2020
Monsieur le député,
 
Aujourd’hui, je vous écris car je suis contre les modifications apportées à la nouvelle loi sur
l’avortement. Vous le savez mieux que moi, la réforme de l’IVG prévoit l’allongement du
délai légal pour avorter jusqu’à 18 semaines, et inclut un délai de réflexion raccourci à 48
heures. Enfin, les sanctions pénales seraient supprimées tant pour la femme que pour le
médecin en cas d’infraction. L’IVG serait ainsi complètement dépénalisée pour ces deux
protagonistes. Dans certains esprits, il s’agit ici de « moderniser » la loi. Je pense qu’il s’agit
plutôt d’un grave saut en arrière, où la société se montre inhumaine, intolérante et cruelle.
Nous ne pouvons rester insensibles à cela.
Je travaille en milieu hospitalier, en tant que psychologue clinicienne et psychothérapeute
avec des patients souffrant de douleurs chroniques. Souvent, ces douleurs sont maintenues,
voire résistantes aux traitements médicaux de par les facteurs psychologiques sous-jacents
(traumatismes, maltraitance, etc). La prise en charge de la douleur est un domaine très vaste
et complexe, où les facteurs psycho-sociaux ont une présence indéniable. Mon métier est de
prêter écoute aux patients en souffrance, afin de travailler sur leur santé mentale.
Nombreuses personnes de mon entourage, professionnel ou privé, s’opposent également à
l’avortement tardif.
Mon opposition se résume en 4 points, avec une proposition au 5 e  point.
 
1.      Les conséquences physiques et psychologiques d’un avortement tardif pour
la femme et les caractéristiques du fœtus au deuxième trimestre.
Au cours du deuxième trimestre, avorter s’avère encore beaucoup plus traumatisant sur le
plan humain et médical. Dépénaliser la pratique d’un avortement jusqu’à 20 semaines
d’aménorrhée ; sérieusement ? Faites une recherche sur Google sur le développement d’un
bébé de 18 semaines, vous y lirez qu’il mesure 20 cm et qu’il réagit aux stimuli extérieurs
grâce à ses 13 milliards de cellules nerveuses. Son développement neurosensoriel est en
plein essor. Le bébé n’est plus au stade de développement d’un embryon, c’est un fœtus, un
bébé à naître, bien formé, et plus proche de son seuil de viabilité. Ses premiers coups se
ressentent. Pour la jeune maman qui décide d’avorter à ce stade, cela sera d’autant plus
difficile, confrontant et traumatisant. En effet, pratiquer un IVG à 18 semaines de grossesse
implique une intervention médicale plus invasive, et donc plus pénible pour la femme, avec
un risque de séquelles physiques et psychologiques accrue. J’évoque le risque d’hémorragie,
de lésion du col utérin, d’infection et de complications médicales qui peuvent avoir des
conséquences sur la fertilité ultérieurement. Sans parler des séquelles psychologiques, plus
subtiles, mais bien plus difficiles à guérir. Des blessures silencieuses, qui se pleurent
uniquement dans le cabinet des psys. Pensez-vous que les femmes que j’ai eu l’occasion de
voir en consultation qui me parlent de la perte de leur bébé, pensez-vous qu’elles n’en
pleurent pas ? Croyez-vous qu’elles en sortent indemnes ? Ne croyez-vous pas que ce sont
des blessures ouvertures, même après tant d’années ?
« Choisir, c’est mourir un peu. » Combien cette citation s’applique sur cette nouvelle
proposition de la loi sur l’avortement, qui est une décision radicale, sans retour en arrière
possible. Si le fœtus a disparu, les remords, eux, peuvent avoir la vie dure. Diminuer le délai
de réflexion à 48 heures serait prometteur pour l’émergence des sentiments de regrets et de
culpabilité ainsi qu’un après-coup traumatisant après cette pratique définitive.

La pratique de l’avortement tardif a également un impact psychologique non-négligeable sur
le personnel médical. Les médecins qui pratiquent l’IVG vont à l’encontre du serment
d’Hippocrate : je cite, « De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire
abortif »[1].
A-t-on tout fait pour réellement être convaincu, en âme et conscience, du bien-fondé de
cette nouvelle loi ? A-t-on réellement étudié le terrain et entendu tous les professionnels ?
Pourquoi un délai de réflexion (48h) si bref pour une question si importante ?
2. La réalité de la méthode d’avortement au deuxième trimestre de grossesse
Vous êtes-vous renseigné sur la méthode d’avortement ? Il s’agit d’une pratique de curetage
avec morcellement du fœtus dans le ventre de sa mère. Si vous avez vu des images, cela ne
peut vous laisser dans l’indifférence. Quoi de plus cruel ? Les frissons ne vous envahissent
pas, le dégoût ne vous fait pas refouler ces pensées intolérables ? Les médecins préviennent
des risques médicaux d’une telle pratique pour la mère.
Pourquoi donc cet allongement à 18 semaines ? Y a-t-il eu une analyse de fond pour
expliquer et justifier cela ? Quels est le nombre de femmes qui seraient réellement
« intéressées » par cette modification ? Si la mère-en-devenir choisit d’avorter, elle
n’attendra pas si longtemps.
 
3.  La banalisation de l’IVG
La nouvelle loi veut décrire la pratique de l’avortement comme étant un acte médical banal.
Mais l’est-il vraiment ? Je vous rappelle qu’on touche ici à un débat qui engage la vie, ou la
mort. Est-il légitime de qualifier comme « banal » la suppression d’une vie bien entamée ?
Est-il normal de comparer cet acte avec la suppression d’un sparadrap sur la peau ? Risible,
mon exemple, mais elle montre bien l’énorme décalage de ces deux actes médicaux décrits
tous les deux comme « banals ». Les étudiants en médecine seront dès lors probablement
contraints à pratiquer ces avortements, même contre leur gré.
 
4. La capacité à sélectionner l’enfant selon son sexe, qui peut être déterminé dès
le deuxième trimestre de la grossesse.  
Le saviez-vous ? Je l’ai appris également, avec effroi. Vous avez bien lu : si une femme attend
une fille et qu’elle souhaite un garçon, il lui « suffira » d’attendre 48h. C’est un tri sélectif du
genre humain, que des enjeux sociétaux poussent à agir de sorte. Préférer un garçon plutôt
qu’une fille, c’est encore être envouté dans des stéréotypes qu’une fille vaut moins qu’un
garçon. Ne devrait-on pas agir plutôt sur ces croyances limitantes ? 
La femme doit prendre une décision radicale, lorsqu’elle est déjà fragilisée par le fait de se
savoir enceinte et se sentir enceinte, bouleversée par le pic hormonal. Prendre une telle
décision est dans la majorité des cas entremêlé par des angoisses, des peurs de tout genre,
des inquiétudes sur l’avenir, des doutes quant à leurs capacités. Les émotions prennent le
dessus, la raison est à l’arrière-plan. Si le temps de réflexion n’est pas en adéquation avec le
temps psychique nécessaire pour la prise d’une telle décision, ce raccourci en temps peut
provoquer des blessures psychologiques d’autant plus grandes.
 
5. Regarder les alternatives et construire un avenir plus humain
Connait-on les vraies raisons pour lesquelles les femmes avortent ? Le non-désir de
grossesse cache-t-il une inquiétude trop grande face à la responsabilité à venir, une fausse
perception sur ses propres capacités à éduquer le bébé à naître ? Peut-être que de

nombreuses femmes ne trouvent pas suffisamment de soutien pour avoir le courage de
mener cette grossesse à sa fin, et qu’il en s’agit donc nullement d’un non-désir de grossesse
mais bien de facteurs environnementaux qui les poussent à agir dans ce sens ?
Les circonstances d’une grossesse doivent certainement être prises en compte afin de
comprendre ce qui pousse une femme à avorter, mais il s’agit également de pouvoir prendre
en compte les ressources d’une femme à aimer, malgré tout. Si pour cela, elle peut compter
sur la société par défaut de pouvoir compter sur son entourage, elle se sentira soutenue
dans sa maternité et ne pourra qu’en ressentir les bienfaits. Le tout est de miser sur
la création de structure d’accueil à la petite enfance, adaptées à la parentalité difficile, pour
soutenir les jeunes mères dans le lien fragilisé à leur bébé à naître. C’est là que se trouve, à
mon sens, une réelle nécessité ! Ce serait une manière de contribuer à une société plus
humaine, non pas meurtrie par des craintes et des faiblesses, mais marquée par une
bienveillance soutenante. Au lieu de modifier la loi sur l’avortement, pourquoi ne pas
investir dans des centres d’accueil mère-enfant, qui soutiennent les jeunes mères dans leur
rôle naissant, leur donnant la confiance en elles-mêmes pour accueillir pleinement leur
bébé ? Je trouve que notre pays manque de structures de ce genre, ou de subsides suffisants
à leur égard.
 
Aussi, de nombreux couples pleurent leur infertilité, et « donneraient cher » pour avoir un
enfant. Pourquoi ne pas faciliter la procédure de l’adoption nationale, qui s’avère être un
réel parcours du combattant ? Ceci est une vraie piste de solution, quand vous y pensez.
 
Avant de terminer, permettez-moi, Monsieur Clarinval, une réflexion plus globale : si nous
supprimons les malades et les personnes âgées par la pratique de l’euthanasie, et que nous
supprimons les bébés à naître, où va notre société dans sa dimension humaine et dans sa
dignité, dans l’accueil de la différence et de la vulnérabilité, dans sa tolérance et dans sa
dimension de charité ? Malgré tout ce qu’on entend comme progrès médical et
technologique, je constate une société de plus en plus inhumaine, intolérante, et encline à la
destructivité. Toujours plus de stress, plus de charge mentale, plus de pression, plus de
maladies mentales ; moins le droit à la différence, moins de temps, moins de sourires et
moins de solidarité. Nous n’avons plus le temps, il faut toujours agir vite et en urgence.
Bientôt aussi, nous perdrons notre sens éthique au nom du « progrès ». Quelle tristesse.
 
Si cette lettre ne vous a pas convaincu, au moins j’espère qu’elle vous a incité à réfléchir sur
votre vote et à vous renseigner davantage avant de prêter votre voix. Moi, je pourrai vivre
avec ma conscience d’avoir au moins essayé de changer un vote, en faveur de la femme, en
faveur du corps médical, en faveur de la société, en faveur de la vie. Si cette lettre ne vous a
pas touché, je tiens à vous remercier pour toute votre attention qu’elle a retenue.

Muriel D., 34 ans
Psychologue clinicienne - Psychothérapeute

Madame la Ministre et députée, 

Je me permets de revenir vers vous pour vous expliquer les raisons de mon opposition au projet de loi d’allongement du délai d’IVG à 18 semaines de gestation, qualifiant le geste comme un acte médical, réduisant le délai de réflexion à 48 heures.

Comme professionnelle dédiée à la gynécologie préventive (dite aussi de « planification familiale ») comprenant l’accès à l’interruption des grossesses, mon équipe a reçu des milliers de demandes d’IVG. Selon mon expérience, la toute grande majorité des diagnostics de grossesse sont réalisés précocement (parfois même avant le retard de règles) permettant non seulement un cheminement sans pression pour un choix personnel, mais également d’assumer ce choix dans un service (public) de santé accessible et neutre. Ce temps de diagnostic met un espace d’échange et d’élaboration du projet à la disposition des personnes concernées au-delà de la décision concernant le devenir de la grossesse. Cet espace d’échange que j’estime « préventif » permet à la personne s’y référer, notamment en cas de souffrance morale ou psychique ultérieure, mais prépare également le suivi contraceptif de suite. Ayant pu organiser la prise en charge de mes patientes en priorisant dans leur parcours IVG cet entretien pré-IVG et celui  faisant suite à l’interruption d’une grossesse, j’ai pu en mesurer le bénéfice comparativement aux patientes n’en ayant pas bénéficié: des grossesses de remplacement par regret avec les répercussions sur l’enfant, des ruptures conjugales ou familiales, des dépressions, de la culpabilité, des remords, tentative de suicide… autant de situations observées alors même que le contexte sociétal s’avère  non jugeant voire favorable à l’IVG.

Concernant le délai, les diagnostics précoces (la toute grande majorité des situations) offrent la possibilité d’atermoiement laissant la place au besoin à l’ambivalence qui habite bon nombre de personnes en situation de grossesse désirée ou non, attendue ou inattendue.
Ce temps durant le parcours IVG utile pour cheminer devient toxique au-delà d’un délai raisonnable.

Repousser ce délai à 4 mois et demi de grossesse (et pourquoi pas plus?) est grave (18 semaines de gestation = 20 semaines de grossesse = plus de la moitié d’une grossesse) est grave. Le foetus est à ce terme déjà un être fini qui poursuivra sa maturation jusqu’au terme, de plus il est viable à quelques jours près. Il interagit non seulement avec sa mère, mais également avec son environnement. Allonger interminablement ce délai perturbe gravement l’investissement de toutes les grossesses avec des conséquences prévisibles sur la relation mère enfant, pour le futur père de l’enfant et expose la relation de confiance dans le couple parental.

L’acte technique d’interruption au-delà du 1er trimestre de grossesse peut marquer durablement la personne concernée, puisqu’il s’agit dès lors de provoquer un accouchement dans une période de la grossesse où le col de l’utérus est bouclé. La prise en charge obstétricale des fausses couches tardives nécessite une prise en charge délicate avec le risque de complications comme la rétention du placenta et l’hémorragie. La grossesse physiologique n’est en effet pas prévue pour s’arrêter si tôt. Organiser dès lors par force de loi cette activité ouvre nécessairement des droits et obligations pouvant entrer en contradiction à la déontologie médicale et soulevant au minimum des problèmes éthiques.

Aligner cet acte d’interruption volontaire d’une grossesse évolutive à un acte médical de prise en charge d’une grossesse est symboliquement choquant. Sur le plan réel, l’assimiler à un acte de soin le fait entrer dans une obligation d’offre, le fait entrer explicitement dans les programmes de formation… Ce projet questionne directement la clause de conscience et le droit de l’activer notamment pour les étudiants médecin, sage-femme et infirmier en cours de stage ainsi que tout professionnel médical impliqués dans le parcours « IVG » des établissements de soin. 

Plus cyniquement une assimilation de l’IVG à un acte de soin produit un effet de banalisation du foeticide, acte préalable à l’IVG tardive. Or un foeticide devrait rester une exception.

Les situations de diagnostic plus tardif au-delà du délai de 12 semaines de gestation par exemple lors des dénis partiels ou complets de grossesse sont exceptionnels. A noter que ces situations ne font pas automatiquement l’objet d’une demande d’avortement. Durant mon expérience de 27 ans d’exercice, j’en ai rencontré une vingtaine, la confrontation à ces situations surtout lorsqu’elles se produisent à un terme avancé pour lesquels l’accès à l’interruption n’est plus possible même à l’étranger, ou pire encore, lorsqu’elles se présentent à l’accouchement, révèlent que des alternatives de prise en charge existent si tant est qu’elles puissent être proposées et accompagnées. 

L’être humain révèle de capacités remarquables d’adaptation. Dans ces situations, tant la mère, l’enfant que l’environnement participe à une vraie conspiration de bienfaisance.
L’inexorable a permis à bon nombre de ces grossesses inattendues, non advenues d’êtres investies positivement ouvrant sur une « parentalité heureuse » et une existence valable et digne de l’enfant né. Des cas exceptionnels paraissant sans issue peuvent déboucher sur un don en adoption de l’enfant ou un placement en famille d’accueil. Ce qui semble une issue acceptable, puisque l’infanticide est (encore) interdit à ce jour.
Les cas les plus rares défrayant la chronique marquent certes l’opinion, mais ne peuvent justifier une  généralisation  d’un droit fondamental à l’IVG sans limites, car enfin 18 semaines ne suffiraient dès lors jamais!
En tant que citoyenne européenne, il m’est impensable de retourner au temps de l’antiquité (une régression) où le père de famille, la puéricultrice ou l’autorité publique pouvaient décider du droit de vie ou de mort du nouveau-né. Si aujourd’hui les droits de l’homme ont pu émerger parallèlement aux démocraties, il serait indigne de nos élus au service du bien commun, d’exercer un pouvoir de tri des nouveau-nés à l’instar de l’antiquité.

Suite à notre bref échange téléphonique du 28 février, je suis à votre disposition pour répondre à vos questions comme convenu, le 1er mars en soirée,
Bien respectueusement,

Docteur Elisabeth Zeller

Chère Madame la Première Ministre,

Je vous écris pour vous communiquer mes opinions concernant la future législation avec prolongement de l’avortement jusqu’à 18 semaines.

Je me présente: VANDERVELLEN Robert, né 1.12.1939, diplomé UCL 1963, gynécologue obstétricien en 1968. Ai travaillé comme chef de clinique de 1968 à 2005. J’ai poursuivi ma pratique jusqu’en juillet 2019 où j’ai dû arrêter pour raisons médicales.
J’aimerais, en tant qu’obstétricien, vous informer sur les dangers d’une interruption à 18 semaines de grossesse.
Autant un avortement à 12 semaines ne pose guère de problèmes, autant à 18 semaines, les os sont précalcifiés. Il existe un risque que le crâne du foetus doive être découpé. Ces manipulations peuvent provoquer des lésions utérines avec des conséquences sur la fertilité ultérieure.

Cette intervention doit être réalisée sous anesthésie générale et non loco-régionale. Les hémorragies sont fréquentes (transfusion). Des lésions du col utérin peuvent amener une béance isthmique et des accouchements prématurés.

L’évacuation complète et nécessaire de la déciduale peut provoquer des synéchies utérines et des stérilités.

Une autre modalité existe, que je connais très bien pour les avoir utilisées: les prostaglandines, que l’on infuse pour provoquer un simulacre d’accouchement « spontané » (!) Je sais, hélas, que cette technique peut prendre du temps ou échouer.
Sachez que je suis désolé de devoir vous décrire toutes ces conséquences de manière aussi brutale.

Vous étiez sûrement au courant de toutes les conséquences que je viens de vous écrire mais je tenais à soulager ma conscience.
Je vous prie, Madame la Première Ministre d’agréer l’expression de mes sentiments respectueux.

Docteur R. V.

Témoignages de soignants

« Le choix d’avorter est rarement un choix libre! Et les conséquences psychologiques à long terme sont lourdes, je l’entends très souvent des patientes. Nous devons pouvoir accompagner et aider ces femmes sur le long terme. Les médecins qui pratiquent les IVG suivent rarement les patientes des années après … ça c’est pour nous, les généralistes! Et on voit les dégâts ! »

Docteur V. Letocart
Médecin généraliste, Verviers

« J’ai entendu beaucoup de femmes regretter leur avortement, qu’elles avaient demandé car on les y avait poussées, ne leur proposant aucune solution. »

Monsieur Pierre Q.
Psychologue

« Je vous partage l’histoire de L. aujourd’hui âgée de 2 ans. Elle est née d’une 5° grossesse, au sein d’un couple belge vivant de grosses difficultés économiques. Devant leur incapacité à assurer financièrement un enfant de plus, les parents ont fait le choix de mener la grossesse à terme et de confier leur fille à l’adoption. Peu après sa naissance elle a été accueillie par un couple qui lui a offert la famille dont elle avait besoin. Les voyant régulièrement en consultation, je ne peux qu’être émerveillé de l’amour partagé au sein de cette famille adoptive. »

Docteur Weynants
Pédiatre, spécialisé en adoption

« Je peux seulement confirmer que les femmes qui ont effectivement subi un avortement ne l’auraient jamais fait si leur environnement leur avait apporté plus de soutien. Jusqu’à présent, dans mes 40 années de pratique, je n’ai eu qu’une seule femme qui n’a apparemment eu aucun problème avec cela, les autres sont profondément blessées et ne le referaient plus! »

Docteur Gillis
Médecin généraliste, Anvers

“Dans le cadre de ma pratique professionnelle en psychiatrie, j’ai rencontré à plusieurs reprises des femmes ayant vécu des IVG pour lesquelles cet acte restait psychiquement très problématique. Ces femmes exprimaient clairement que ce geste et ses conséquences, sont loin d’être anodins pour leur santé mentale”

Madame Marie F.
Assistante sociale en service de psychiatrie

« Il est important de préserver un cadre bioéthique et de prendre le temps d’une réflexion et d’un débat approfondis avec consultation exhaustive des différents partenaires, courants philosophiques / religieux et de la société. »

Docteur Antoine-Poirel
Médecin

“Je suis aux premières loges pour voir la souffrance après un avortement, combien les femmes ont besoin de fuir cette souffrance dans une assuétude.”

Madame Françoise R.
Infirmière en psychiatrie

« Remarque faite par un collègue gynécologue : à ce terme, on aura posé clairement le diagnostic du sexe de l’enfant, de là à imaginer que certains parents pourraient demander un avortement seulement parce que le sexe de leur bébé ne leur convient pas, il n’y a qu’un pas ! »

Docteur Weynants
Pédiatre

“Ce sont avant tout les femmes qui se sont saisies de cette question. Beaucoup de témoignages des soignants font état des difficultés suite à la pratique d’un IVG. Elles témoignent que l’impact psychologique est d’autant plus grand que la grossesse est avancée”

Docteur Chantraîne
Gynécologue

« Je suis assez mal à l’aise face à la précipitation des députés de la Commission Justice qui souhaitent faire passer, en l’absence d’un gouvernement et surtout en dehors d’un vrai et large débat de société, une modification majeure de la loi sur l’avortement »

Docteur de Muylder
Gynécologue

« La plupart des soignants que j’ai contactés à propos de cette tribune se sentaient impuissants face à ce projet de loi qui les heurte et qui est débattu loin du terrain. Une fois informés du projet de carte blanche, ils ont immédiatement manifesté leur adhésion”

Docteur Salmon
Médecin généraliste

“Je suis confronté régulièrement à la souffrance que génère chez mes patientes cet acte tellement difficile. Je pense qu’augmenter le nombre de semaines et/ou réduire le délai d’explication et de réflexion des différentes alternatives, aggraverait encore le vécu douloureux de cette interruption (in)volontaire de grossesse”.

Docteur Pirson
Psychiatre

“Quand une femme n’a pas décidé d’avorter à 12 semaines, c’est qu’elle est en grande situation de doute. Ce n’est pas rare que cela soit lié à des pressions familiales ou économiques”

Docteur Tennstedt
Médecin généraliste ayant pratiqué en planning familial

« Après les 6 jours de réflexions, une série de patientes, qui souhaitaient demander une IVG, ont finalement gardé leur enfant, et une autre série a eu le courage de donner leur enfant en adoption au lieu de l’avorter. Il n’y a eu aucune plainte, aucun problème ne m’a été rapporté par les mères.”

Docteur Chantraîne
Gynécologue

“Je suis pour l’avortement, mais 18 semaines me semble vraiment trop tard. Le bébé bouge déjà, il est presque viable. Je crains que le nombre de médecins qui acceptent de faire des avortement diminue beaucoup avec ce changement dans la loi et que les femmes aient encore plus de mal à avoir un avortement correct”.

Docteur Virginie R.
Médecin généraliste - Brabant Wallon

“Permettre l’IVG jusque 18 semaines est un manque de respect pour les personnes qui seront obligées d’accueillir dans une pièce un couple anéanti pour une fausse couche et dans la pièce à côté un couple qui vient pour avorter. Comment peut-on imaginer qu’accompagner les 2 comme il se doit, soit envisageable pour un seul professionnel…”

Madame Stephanie P.
Sage femme en salle de naissance - Hainaut

« Un avortement est un énorme traumatisme pour les femmes et encore plus à 18 semaines. De plus en autorisant l’avortement si loin, les patientes auront accès au sexe du bébé et pourront choisir de garder leur grossesse ou non, c’est un non sens.”

Docteur Véronique P.
Gynécologue - Bruxelles

“Je rencontre presque toutes les personnes qui font une IMG dans la clinique ou qui sont confrontées à une mort in utero. Il suffit de les écouter pour voir que ce n’est pas un acte comme un autre, que le délai de réflexion est important. Quand il n’est pas respecté, il n’est pas rare que les femmes se plaignent après que cela a été trop vite; qu’elles se réveillent d’un cauchemar, etc . Il suffit de voir la tristesse de parents qui découvrent un petit de 15 semaines ou plus décédés (par choix ou par accident) pour se dire que « ce n’est pas un rien ». Sans aucun jugement et sans interférer dans la décision de la femme, des parents, donner du temps avant, c’est intégrer la décision et diminuer la culpabilité possible après. De plus, dans l’accompagnement des personnes âgées, il n’est pas rare que les femmes reviennent sur des avortements pratiqués 40 ou 60 ans avant. Cela donne à penser.”

Madame Catherine B.
Infirmière - Brabant Wallon

“Dans mon travail en école secondaire, je suis confrontée de très près à la souffrance (voire au traumatisme dans certains cas) des jeunes qui se résolvent à vivre un avortement, parfois faute d’avoir été informés des aides possibles, voire des alternatives.
Le délai d’une semaine était déjà très court, il serait catastrophique de le réduire encore et d’évincer cette nécessaire période où l’on ouvre tous les possibles. Cela permet de mieux assumer ensuite une décision et d’avoir moins de regrets à vie.”

Madame Christine G
Assistance sociale - Liège

« A côté de mon métier d’infirmière, je suis par ailleurs psychologue. J’ai écouté des femmes qui avaient avorté. Un tel acte laisse très souvent des séquelles psychologiques importantes chez les femmes: augmenter le délais sera pire encore… elles sentiront bouger leur bébé! Et comment imaginer prendre une telle décision en 48h? »

Madame Nathalie L.
Infirmière - Namur

« Je suis en effet effrayé par le raccourcissement du délai bien indispensable et ayant vu quand même souvent des patientes changer d’avis, après quelques jours.”

Docteur Françoise T.
Médecin généraliste - Luxembourg

“J’ai accompagné beaucoup de larmes de mères ayant avorté et de papas dont leur couples avaient avorté, et c’est terrible cette souffrance, et dont ils ne pourront pas parler parce que socialement c’est très bien accepté”

Docteur Maria A.
Médecin généraliste - Bruxelles

« J’ai pratiqué l’IVG durant 6 année dans un planning familial, et je suis contre cette loi »

Docteur O.
Médecin généraliste ayant pratiqué en planning familial - Hainaut
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